PI : Sébastien Migeon, Alexandre Dano – UMR Géoazur

Le long des littoraux fortement urbanisés et bordant une marge continentale étroite et escarpée, l’analyse des aléas géologiques associés aux glissements de terrain sous-marins est cruciale car ces phénomènes peuvent générer des tsunamis dits proximaux dont les temps d’arrivée de quelques minutes à la côte rendent caduque l’utilisation de systèmes d’alerte. Il est donc nécessaire de pouvoir estimer les conditions d’instabilité des dépôts sédimentaires afin de prévoir où et comment un volume de sédiment pourrait être déstabilisé. La zone de l’aéroport de Nice est très affectée par ces phénomènes : elle présente une forte vulnérabilité du fait de son activité (deuxième de France) et de sa localisation directement sur la mer. Depuis 2013, nos travaux ont montré pour la toute première fois que 1) le déclenchement de petits glissements sous-marins présentait des cycles de 6-10 ans au cours des 50 dernières années (Fig. 1) et 2) cette cyclicité serait contrôlée à la fois par l’activité de la nappe phréatique côtière et l’activité sismique (faible mais très récurrente) de la marge Ligure.

Dans le cadre de SUMMUN, nous souhaitons valider l’hypothèse de l’existence d’un couplage entre un endommagement rapide des matériaux sous l’action de la nappe phréatique et de ses résurgences associées et l’action d’une sismicité faible-modérée mais récurrente pour expliquer le déclenchement haute fréquence de petits glissements sous-marins. Pour cela, nous disposons depuis septembre 2016 de l’enregistrement continu de la sismicité et des accélérations du sol qui en découlent sur le plateau continental au large de l’aéroport grâce à l’installation d’un sismomètre câblé (projet PRIMA).

Pour compléter ces données, nous devons obtenir des informations sur l’activité de la nappe phréatique et de ses résurgences associées en mer, le long du plateau continental. Actuellement, il n’existe pas de protocole méthodologique permettant d’obtenir directement ces informations. Nous souhaitons donc développer un protocole de suivi 4D qui sera basé sur l’intégration de plusieurs approches : une auscultation 3D mensuelle de la colonne d’eau avec un système Minibat tracté, une auscultation 1D mensuelle de résurgences spécifiques par mesures CTD, une auscultation 2D de la surface de la mer par télédétection. Enfin, les données d’accélération du sol et d’activité des résurgences seront intégrées dans une modélisation numérique pour aboutir in fine aux conditions de stabilité/instabilité des dépôts sédimentaires au large de l’aéroport et à la possibilité de déclencher un glissement sous-marin.

***
PARTENAIRES : Laboratoire Géoazur (UMR7329) et Laboratoire d’Océanographie de Villefranche (UMR7093)