Bienvenue au Laboratoire Géoazur
Observatoire de la Côte d'Azur
Université Côte d'Azur
UMR 7329 CNRS - UR 082 IRD

NuageDeMots Geoazur 2024

Récupération des sismomètres OBS (Ocean Bottom Seismometer) en Mer des Caraïbes en 2011. Collecting Ocean Bottom Seismometers (OBS), Caribbean Sea, 2011.

Antenne GPS dans le secteur Efstafellsvatn, Islande, 2010. GPS antenna in the Efstafellsvatn area, Iceland, 2010.

Flotteurs MERMAID stockés dans les locaux de Géoazur (France), où le premier prototype est né en 2012. MERMAID floats stored in the Géoazur premises (France), where the first prototype was born in 2012.

Tir laser-Lune depuis la station MéO sur le plateau de Calern, France. Moon-Laser shot from the MéO station on the Calern plateau, France.

Le laboratoire Géoazur est une Unité Mixte de Recherche pluridisciplinaire, composée de géophysiciens, de géologues, et d’astronomes se fédérant autour de grandes problématiques scientifiques : les aléas et risques naturels (séismes, glissements de terrain, tsunamis, crues) et  anthropiques (séismes et vibrations induits par l’homme, pollutions, comportements humains, vulnérabilités des territoires et des structures), la dynamique de la terre et des planètes, les géosciences des environnements marins (de l’innovation numérique et instrumentale aux applications), et la géodésie et métrologie spatiale. en savoir plus

Directeur : Boris MARCAILLOU

Campagne en Mer au large de l'île d'Amorgos (Grèce)

Le 9 juillet 1956, l’île d’Amorgos, dans les Cyclades, se met à trembler. Ce séisme, le plus important jamais enregistré dans la région, est suivi d’un tsunami dont les vagues ont pu atteindre jusqu’à 20 mètres sur les côtes. Pendant des décennies, l’origine de cet événement est restée floue. En faisant parler les profondeurs de la mer Égée, le projet Amorgos, mené par une équipe franco-grecque, a entrepris de lever le voile sur cet événement. Entretien avec Frédérique Leclerc, coordinatrice française du projet ANR, enseignante-chercheuse à l’Université de la Côte d’Azur et au laboratoire Géoazur.

Le 9 juillet 1956, vers 6h du matin, un tremblement de terre de magnitude 7.6 frappe la région des Cyclades, au large de la Grèce. Suivi quelques minutes plus tard, d’une réplique à peine moins énergique. Les dégâts matériels sont considérables ; 54 personnes perdront la vie. Ces secousses déclenchent aussitôt un tsunami dont les vagues atteindront jusqu’à 20 mètres à certains endroits. Dans le port de Katapola, un vieux pêcheur - croisé par les scientifiques lors d’une de leur campagne océanographique -, se souvient encore de la mer se retirant juste avant le déferlement de ces vagues sur les côtes de l’archipel. D’autres - la mémoire collective pouvant s’altérer avec le temps - évoquent des vagues de 30 mètres là où les archives indiquent plutôt 2 ou 3 mètres. Depuis près de 70 ans, les scientifiques s’attachent à résoudre le mystère qui entoure encore les origines de ces deux événements. « À l’époque, il n’y avait pas de données en mer et les données sismologiques étaient encore rares. » explique Frédérique Leclerc. Pour le tsunami, seuls demeurent quelques témoignages, quelques dépôts et des écrits. 

Traquer l’épicentre du séisme de 1956

Durant plusieurs décennies explique la chercheuse, différents scénarios se sont construits autour de l’épicentre du séisme. Certains l’estiment d’abord à 45 kilomètres – dans le manteau terrestre ; d’autres à 25 kilomètres de profondeur – dans la croûte terrestre. « Et cela change tout. Un séisme déforme soudainement la surface de la Terre et ces déformations se propagent dans toute la colonne d’eau, entrainant un tsunami. Mais à 45 kilomètres de profondeur, la rupture n’est pas suffisamment forte pour générer des déformations importantes et des vagues de 10 à 20 mètres ». La puissance d’un séisme étant corrélée à la longueur de la faille qui casse, lesquelles (ou laquelle) des failles normales1 entourant l’île d’Amorgos ont rompues ? Ont-elles glissé sur toute leur longueur ? Puisqu’un séisme provoque des ondes sismologiques qui peuvent déstabiliser les pentes et générer des glissements de terrain sous-marins chassant rapidement la colonne d’eau au-dessus, le tsunami de 1956 résulte-t-il d’une combinaison de ces deux aléas ?

En 2015, c’est un tournant. Une campagne en mer dirigée par Emilie Hooft (Université d’Oregon) et Paraskevi Nomikou (Université d’Athènes – NKUA) entreprend de cartographier les fonds marins autour de la région Santorin–Amorgos, révélant de nombreuses failles normales sous-marines – la croûte de la mer Égée étant en extension nord-ouest – sud-est. L’analyse bathymétrique et sismique permet alors d’avancer que le séisme d’Amorgos a pu se produire sur ces failles, en accord avec un épicentre crustale, à 25 km de profondeur. Trois failles normales actives, longues – et donc suffisamment grandes pour générer un séisme de magnitude 7.6 – ont été identifiées comme sources probables de celui-ci. Pour mieux comprendre et cartographier ces structures, Frédérique Leclerc a mené plusieurs campagnes en mer, utilisant des instruments à haute résolution pour imager et mesurer précisément les failles sous-marines candidates.

Cartographier le réseau de failles d’Amorgos – et identifier la responsable

Le projet Amorgos s’appuie sur une méthodologie développée lors d’un projet précédent (ANR SERSURF, 2017–2021) qui avait permis de retrouver des traces de séismes au fond de la mer à l’aide de sous-marins autonomes. « Nous avons pu mettre en évidence que le fond de la mer était capable de préserver la trace de la rupture sismique. » précise la chercheuse. Au large d’Amorgos, trois campagnes en mer ont été menées en 2022, 2023 et en avril 2025 - à bord de l’Europe, navire de la flotte océanographique française -, pour y sonder l’ensemble du système de failles. Lancé en 2025, le projet ANR Amorgos poursuit cette démarche en tentant de localiser les ruptures passées en mer pour mieux comprendre les failles actives dans la région.

Pour ce faire, les chercheurs se sont appuyés sur de « gros poissons » : Idef et Aster, des sous-marins de type AUV (Autonomous Underwater Vehicle), pour cartographier le fond marin avec une résolution métrique ; et le ROV Ariane (Remotely Operated Vehicle), équipé de caméras, pour observer visuellement les failles. « En 2023, nous avons pu observer le long de la faille d’Amorgos le marqueur d’une rupture sismique » se réjouie Frédérique Leclerc. Autrement dit, près de 70 ans après l’événement, la trace du séisme de 1956, une bande de sédiments décalée de 9 mètres, a été retrouvée intacte à plusieurs endroits.

La responsable serait donc la faille d’Amorgos. Ce glissement vertical de plus de 9 mètres de la faille sous-marine, est-il pour autant suffisant pour expliquer les très hautes vagues observées en 1956 ? C’est la nouvelle hypothèse de travail qui sera analysée au cours de cette ANR, grâce à une modélisation du tsunami, entreprise au cours d’une thèse en co-direction avec le CEA. « Si ces questions ne sont pas encore tout à fait tranchées, nous connaissons désormais bien mieux les failles de la région » souligne la chercheuse. Pour elle, ces données sont aussi essentielles pour mieux définir et modéliser les aléas sismiques et tsunamiques en Méditerranée. « Entre la houle et les nuits agitées, les campagnes en mer sont éprouvantes physiquement, mais humainement et scientifiquement très riches : nous explorons des zones encore jamais cartographiées à cette résolution ».

La dernière campagne, qui s’est déroulée du 11 au 17 avril 2025, visait aussi à imager d’éventuelles sorties de fluides le long des failles, et enrichir les données acquises précédemment....

Lire la suite : Actualité de l'ANR  paru le 25 juin 2025, Anne-Sophie Boutaud

LES PROJETS DE RECHERCHE PHARE

AMORGOS - ANR 2025
X-MAT - ANR 2024
MEGA - ANR 2022
ABYSS - ERC 2022
INSeiS - ANR 2022
HOPE - ERC 2022
OSMOSE - ANR 2022
LisAlps - ANR 2021
NILAFAR - ANR PRC 2021
EARLI - ERC 2021
WIND - Consortium Pétrolier 2020
S5 - ANR 2019
MARACAS - ANR 2018
Et aussi...
previous arrow
next arrow
 
AMORGOS - ANR 2025
X-MAT - ANR 2024
MEGA - ANR 2022
ABYSS - ERC 2022
INSeiS - ANR 2022
HOPE - ERC 2022
OSMOSE - ANR 2022
LisAlps - ANR 2021
NILAFAR - ANR PRC 2021
EARLI - ERC 2021
WIND - Consortium Pétrolier 2020
S5 - ANR 2019
MARACAS - ANR 2018
Et aussi...
previous arrow
next arrow